samedi 9 octobre 2010

La Croix

Avant de passer, comme annoncé, à Raimon Panikkar, j'ai jugé utile d'ajouter une post-face au dernier chapitre de l'ouvrage du P. Daniélou référencé précédemment. Cet ajout est de S. Irénée et porte sur le symbolisme (au sens fort et vital) de la Croix. Le voici :


"Auteur du monde, c'est en toute vérité le Verbe de Dieu. C'est lui notre Seigneur : lui-même, dans les derniers temps, s'est fait homme, alors qu'il était déjà dans le monde et qu'au plan invisible il soutenait toutes les choses créées et se trouvait imprimé dans la création entière, en tant gouvernant et disposant toutes choses[...]" (Adversus Haereses V, 18, 3).


Et surtout :


"Par l'obéissance par laquelle il a obéi jusqu'à la mort en pendant au bois, il a détruit l'antique désobéissance perpétrée par le bois" (càd par l'arbre de la connaissance du bien et du mal auquel Adam, sur l'instigation du Malin, a goûté). "Et parce que lui-même est le Verbe du Dieu tout-puissant, Verbe qui, au plan invisible, s'étend à la création entière et soutient sa longueur et sa largeur et sa hauteur et sa profondeur - car c'est par le Verbe de Dieu que l'univers est régi - il a été crucifié aussi en ces quatre dimensions, lui, le Fils de Dieu qui se trouvait déjà imprimé en forme de croix dans l'univers ; il fallait en effet que le Fils de Dieu, en devenant visible, produisît au jour son impression en forme de croix dans l'univers, afin de révéler, par sa posture visible de crucifié, son action au plan invisible, à savoir que c'est lui qui illumine la "hauteur", c'est-à-dire les choses qui sont dans les cieux, qui soutient la profondeur, c'est-à-dire les choses qui sont dans les régions de dessous la terre, qui étend la "longueur" depuis le Levant jusqu'au Couchant, qui dirige à la manière d'un pilote la "largeur" du Pôle au Midi, et qui appelle de toutes parts les dispersés à la connaissance du Père." (Démonstration de la prédication apostolique, 34).


Il ne me semble pas qu'on lise beaucoup S. Irénée dans les milieux ésotérisants, et pourtant c'est le meilleur antidote  contre "la philosophie et (...) une vaine tromperie s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde et non sur le Christ" (Colossiens 2, 8), c'est-à-dire, généralement parlant, contre toutes les antiques hérésies qui se présentent à nouveau sous le couvert de vêtements neufs mais sont toujours les mêmes, car c'est par un nombre limité d'amorces que le père du mensonge attrappe l'homme oublieux et négligent. En tout cas, la fréquentation assidue de S. Irénée, qui a connu et démonté en détail tous les systèmes pseudo-gnostiques, est un talisman (pardon !) efficace contre toutes les billevesées occulto-ésotériques.

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