dimanche 1 avril 2012

Lettre pastorale pour Pâques


Lettre pastorale pour la Pâque de l’an 2012


Aux fidèles et clercs bien-aimés de Dieu
de l’église catholique orthodoxe de France

I
l est actuellement de bon ton en France, par un Français auprès des Français, de décrier son pays, sa terre, de crier que tout se vaut puisque rien n’a vraiment de valeur vraie, de s’angoisser régulièrement et quotidiennement de préférence, puisqu’il n’y a de Dieu ni dans l’univers ni dans le cœur, de mépriser le politique toujours menteur, avide et incompétent, de rechercher mollement quelques tâches auxquelles se dévouer sans mettre en cause les vacances fréquentes, de célébrer les anniversaires douloureux, personnels ou collectifs, de montrer hargne, rogne et grogne comme le soulignait un général célèbre, de nier ou de vanter en toutes choses les aspects multiples de l’âme… et principalement de jalouser son voisin.
« Il est de bon ton pour Dieu » auprès des Français de leur susciter, en ce même temps, des inspirations pour l’esprit, des causes à défendre, des épreuves pour transformer les cœurs, des personnes dévouées et des serviteurs fidèles attachés à promouvoir la communion universelle et à découvrir la personne unique.
Vous direz peut-être qu’il en va ainsi pour tous les peuples. Vous aurez raison et vous aurez tort :
-                     raison car il n’y a nul peuple qui ne soit éprouvé et parfois méprisable en certaines mœurs, à certaines époques ; raison aussi car tout peuple est connu de Dieu et tenu par l’Esprit-Saint au sein de la symphonie-cacophonie des nations ;
-                     vous aurez tort car les Français ont des caractères spécifiques où la jalousie tient la tête des maux.
Laissant la recherche de la vertu qui tiendrait en France la tête des bienfaits, nous pouvons et devons ouvrir les yeux et les oreilles pour chercher l’issue à ces maux.
Souvenez-vous en et lisez le chapitre 4 (1-10) de la Genèse : la jalousie se jette sur le frère, sur l’autre, sur l’innocent et même sur Dieu pour le supprimer, pour le tuer. Elle prépare pour les siens une réputation désastreuse d’arrogance, une répulsion sans fin, un isolement physique et spirituel. Elle soumet les siens à l’hostilité de l’univers car tout l’échauffe et l’alimente, elle verse le sang dans ses accès de violence, elle se persécute elle-même, elle a fort mauvaise opinion d’elle-même.
Comment combattre ce plus terrible des défauts, comment domestiquer son énergie ou, mieux, l’éradiquer, l’anéantir ? Sommes-nous capables de mener individuellement et collectivement la lutte ? Pouvons-nous affronter face à face l’esprit meurtrier qui sous-tend la jalousie ? Et, si nous nous donnons à ce combat, par où pouvons-nous commencer, par l’intérieur ou par l’extérieur ?
La tradition primordiale de l’humanité et les sagesses, reçues ou acquises, recommandent de ne jamais s’opposer de front à un tel ennemi. Elles disent de se préparer à passer à l’autre bord, comme on passe une rivière, par un saut vital, sans transition, l’autre bord étant l’acquisition d’un aspect essentiel de la charité qui consiste – sans démériter, sans jugement sur soi-même – à se réjouir de son frère, à donner sa vie pour lui, à le servir, s’il s’agit de Dieu (qui est le Tout-Autre) à Le désirer sans restriction aucune.
Soit, à opérer une pâque. Cet exercice pascal porte le nom de pénitence, de pâque ascétique et nous savons par Jésus, notre Maître et Sauveur, qu’ « il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentir (Lc 15, 7). »
Cette pâque, la pénitence courageuse, entraînera la joie parce qu’elle supprime le  goût du meurtre inscrit dans l’âme et dans le corps essentiellement par la jalousie. Au passage à l’autre rive la joie se lèvera.
Ayant introduit la France pour ce propos, faut-il alors envisager d’emmener tous les Français vers le don de soi, l’amour et le service du frère ? Certes non, car le petit nombre y suffit, au commencement. Où trouver le petit nombre ? Peut-être dans l’église du lieu, celle qui dispose en son cœur, comme toute église, de la présence de Celui qui a accompli la plus sublime de toutes les pâques – le passage par toute mort, celle du don de sa vie par l’amour des hommes.
Appuyés sur Lui, les pénitents joyeux sont certains de réussir, de tuer toute montée du meurtre en eux et autour d’eux, que ce soit le meurtre venu du mépris, de la jalousie et de l’envie, du jugement, de l’égoïsme, de la vanité, de l’orgueil ou de toute autre source.
Nous, disciples du Christ, avons le privilège de pouvoir suivre l’Agneau immolé dès la fondation du monde jusqu’à son immolation pascale. Il nous procurera ainsi la joie parfaite de la Résurrection.
Allons ainsi, là où nous vivons, au delà de nos qualités et de nos défauts, en disciples du Christ qui opèrent une multitude de pâques personnelles dans la lumière de sa Pâque et la puissance de sa Résurrection.
Christ est ressuscité. Alleluia !

Votre évêque
X  Germain.

Pour tous les chrétiens d'occident qui suivent le calendrier grégorien, catholiques romains, protestants, orthodoxes, demain commence la Semaine sainte. Il y aura pour moi pendant cette sainte hebdomade abstinence de publication

Je veux néanmoins anticiper la Pâque en diffusant une lettre pastorale qui me paraît mériter attention et méditation. 

Je souhaite à tous une Semaine sainte vivifiante culminant en la Pâque glorieuse.  

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